Extrait

Le Destin des Cœurs
perdus Tome 3 :

Les Héritiers
de Castel Dark

Le Destin des Cœurs Perdus Tome 3 en broché.
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Le Destin des Cœurs Perdus Tome 3 en e-book.
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Isolde courut vers le lit pour s’allonger à côté de Clayton. Elle posa la tête sur sa poitrine nue, mais aussitôt, il la repoussa d’un geste quelque peu brutal.

— Isolde, tu dois comprendre que tu ne peux plus venir me rejoindre dans ma chambre !

— Pour quelle raison ?

— Tu deviens trop âgée pour te permettre ce genre de comportement.

— Ne m’avez-vous pas dit que vous me consoleriez toujours de mes chagrins ?

— Tu n’étais encore qu’une enfant lorsque je t’ai fait cette promesse !

— Vous mettez donc une limite d’âge pour réconforter les personnes que vous aimez ?

— Oui, du moins les femmes.

— Oh, je vois ! Donc, vous me considérez comme une femme. Et que faites-vous aux femmes lorsque vous ne les consolez plus ?

— Oserais-tu te moquer de moi ?

— Pas du tout. J’aimerais simplement que vous me disiez pourquoi ma présence vous dérange à ce point.

— Pourquoi ta présence me dérange-t-elle ? Tiens-tu absolument à le savoir ?

— Oui, j’y tiens.

Les yeux bleus le fixaient avec innocence, bien qu’il y décelât comme une lueur malicieuse. La témérité d’Isolde l’avait toujours fait rire, mais il la trouvait beaucoup moins amusante en cet instant.

— En premier, tu m’as interrompu dans ma… ma… avec…

— Dans votre conversation avec votre amie.

— Exactement !

— Parfait ! Reprenons cette conversation là où vous l’aviez laissée !

Isolde s’agenouilla sur le lit pour agripper ses mains autour de sa nuque. Ce simple attouchement lui fit l’effet d’une morsure de serpent. Il les dénoua aussitôt pour bondir hors du lit. Le drap tomba à ses pieds. Plus embarrassé qu’Isolde par sa nudité, il s’en enveloppa comme pour se protéger d’elle. Isolde s’allongea sur le ventre et posa son menton sur les paumes de ses mains.

— Pourquoi vous cachez-vous ? Vous êtes si beau à regarder que je pourrais vous contempler pendant des heures sans bâiller.

— Une damoiselle bien élevée aurait détourné les yeux !

— Plutôt me les arracher ! J’ai quinze ans, vous savez, l’âge de me marier, de concevoir des enfants et de regarder un homme nu sans m’évanouir.

— Je ne suis pas un homme !

— Ah ! répliqua Isolde de plus en plus amusée par sa confusion.

— Je veux dire… je n’en suis pas un à tes yeux ! Je suis… Je suis…

— Vous êtes… ?

— Le cousin de ton père.

— Oh ! Me croiriez-vous si je vous disais que je le savais déjà ?

— Vas-tu encore m’ennuyer longtemps avec tes questions ?

— Je vous ennuie ou je vous trouble ? Décidez-vous à présent. Soit, je suis une enfant et vous me consolez, soit je suis une femme et vous vérifiez que j’en suis bien une.

— Si tu ne sors pas de cette chambre sur-le-champ, j’appelle ton père !

— Faites donc ! Vous lui expliquerez pourquoi je m’y trouve avec vous à moitié nu…

— Que cherches-tu ?

— Je vous pensais plus subtil… Faut-il encore que je vous saute au cou ?

— As-tu perdu la raison ? J’ai le double de ton âge !

— Parfait. Je vous estime assez mûr pour ne pas faire preuve de timidité.

Clayton n’avait jamais autant hésité entre rire ou laisser éclater sa colère. Il se retenait de ne pas l’agripper par le bras pour la jeter à la porte.

— Tudieu ! Des femmes, j’en ai rencontré une multitude. Mais jamais, au grand jamais, je n’ai eu à affronter une damoiselle aussi effrontée que toi !

— Toutes les courtisanes sont passées par votre lit ! Pourquoi pas moi ?

— Les donzelles ne m’intéressent pas !

— À quel âge puis-je espérer attirer votre attention ?

— Ne t’inquiète pas, mon attention, tu viens de l’obtenir…

— Ne me trouvez-vous pas jolie ?

Jolie ? Clayton la dévisagea comme s’il la voyait pour la première fois. Ses longs cheveux roux et bouclés auréolaient son visage aux traits d’une finesse incomparable. Les taches de rousseur sur son nez, ses joues roses et sa bouche vermeille apportaient une touche de couleur sur sa peau claire. Ses yeux d’un bleu limpide s’éclaircissaient lorsqu’elle aimait et s’assombrissaient lorsqu’elle détestait. Aucun doute, en ce moment l’amour occupait son esprit. Jolie ? La trouvait-il jolie ? Belle à damner un saint lui convenait mieux.

— Sors d’ici avant de me rendre fou !

— Mais je veux vous rendre fou, fou de moi ! Épousez-moi et je vous promets de vous rendre heureux !

— Oh, que non ! Mon premier mariage s’est terminé en tragédie ! Je t’aime beaucoup trop pour te faire souffrir.

— Je n’ai pas l’impression que vous faisiez souffrir cette femme, bien au contraire…

— Ma réputation de séducteur devrait pourtant te décourager.

— Je ne suis pas jalouse. Je veux bien vous partager avec d’autres femmes.

— Crois-moi, les femmes ne partagent pas. Cette promesse est aussi mensongère que si je te jurais fidélité.

— Ne ressentez-vous aucun amour pour moi ?

— Tu resteras toujours ma petite princesse.

— Votre petite princesse a grandi, Clayton ! Vous avez passé chaque jour avec moi et vous êtes le seul à ne pas l’avoir remarqué. Je suis devenue exactement la femme que vous attendiez. Vous m’avez tout appris, à monter à cheval, à jouer aux échecs, à tirer à l’arbalète. Durant votre mariage avec Sophia, vous aviez perdu cette envie de sourire. Admettez-le, avec moi, vous riez, vous vous amusez, vous vivez !

— Tu confonds tout ! Je t’aime bien, mais…

— Je t’aime bien ? Je t’aime bien ! Oh ! Rhooo ! Eh bien moi, je vous déteste !

Isolde bondit du lit avant de se diriger vers la porte et de la claquer avec tout l’art d’une Percival. Comportement habituel d’une femme à mon égard, songea Clayton. Elle m’aime et l’instant d’après, elle me déteste.

Image créée par IA avec Bing Creator.
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